A Genève, le manque de logements demeure critique. Au-delà du constat et des multiples raisons qui expliquent cet état de pénurie, des solutions existent pour autant que les autorités du canton de Genève décident d'une stratégie et des moyens de les réaliser dans un délai réaliste.
La crise du logement, à Genève, est une réalité depuis une bonne vingtaine d’années, a ce rythme le phénomène continuera à rester d’actualité pour les décennies à venir en raison de la pression démographique importante et des changements culturels de société et de la famille. Selon les chiffres de l’Office cantonal de la statistique, la population genevoise pourrait augmenter de 72’000 à 155’000 personnes d’ici 2040, alors qu’elle dépasse les 470’000 aujourd’hui. Avec un taux de vacances de logements d’environ 0,25%, nous constations chaque mois le départ des résidents genevois en France voisine et l’installation des nouveaux arrivants de la Genève internationale dans des locations financées hors du canton de Genève.
Les réalités géographiques du canton limitent les possibilités de juguler la pénurie du logement. Dans le magasine immosteet.ch, le directeur général de l’Office cantonal du logement, Michel Bürgisser met en évidence les nombreux efforts entrepris par les autorités pour juguler la faiblesse de l’offre: «Nous faisons le maximum pour améliorer la mise à disposition de terrains constructibles. Nous développons une planification qui permette de fournir aux porteurs de projets le plus possible de parcelles à bâtir. Nous contactons des propriétaires pour les encourager à développer des projets et nous les conseillons pour qu’ils se mettent en relation avec des professionnels de l’immobilier».
Or, force est de constater que le projet d’agglomération franco-valdo-genevoise, qui tient compte d’une planification régionale, relève aujourd’hui de l’Arlésienne d’Alphonse Daudet, par manque d’implication des autorités du canton de Genève, ce sujet principal au cœur de la politique du Grand Genève est devenu un projet de fiction. Pourtant les difficultés géographiques du canton de Genève ne sont pas récentes, elles ont débuté de manière exponentielle depuis la fin des années 1990, soit au siècle dernier. Pourtant Genève n’a pas pris la mesure de l’importance d’ouvrir de grands chantiers à la hauteur de l’attractivité croissante de la ville/ canton qui accueillent notamment de nombreuses organisations internationales, des multinationales, un centre financier international et des activités de négoce en matières premières.
Cet attentisme voulu par les autorités genevoises relève malheureusement d’une idéologie de repli sur soi d’une autre époque, qui a depuis plusieurs années pour conséquence un report du problème de logement sur la logique du « self made men » qui laisse les habitants propres du canton se débrouiller par eux-mêmes jusqu’à devoir s’expatrier hors du canton et de Suisse sans aucun soutien des autorités cantonales, bien au contraire en étant désormais considérés hors du bassin d’emploi du canton et pénalisés en conséquence.Or cette absence de vision de la politique de développement régional cohérente et des conditions cadres pour maîtriser le coût des loyers, se poursuit en 2014 et rends parfaitement illusoire le respect des objectifs inscrit dans le projet d’agglomération de créer 2’500 logements inscrit dans le Plan directeur cantonal. Le plaidoyer récurent pour un assouplissement du cadre législatif peu favorable est devenu maintenant une complainte qui ne peut plus excuser l’inaction.