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Paolo Lupo, président de l'association

A quelques jours de la commémoration du 200ème anniversaire de l’entrée de Genève dans la Confédérat


Les expressions xénophobes de certains partis politiques locaux, ainsi que les résultats mitigés des récentes votations du 9 février et du 18 mai dernier (P+R), ont mis en évidence des réaction caractérisée par une volonté radicale de repli sur soi et de protectionnisme intramuros. Or ces mouvements de rejet sont contraires à l’histoire qui a conduit le développement du Canton de Genève.

Sur le fond, ce rejet des frontières communes avec la France voisine, constitue une forme de déni des origines de Genève. L’absence d’enseignement de l’histoire du canton aux élèves et aux nouveaux genevois, contribue sans aucun doute à l’enracinement de certaines théories du rejet viscéral du voisin français. Ainsi, on préfère commémorer le 12 décembre 1602, plutôt que de fêter la fin de la guerre avec la maison de Savoie, signées le 21 juillet 1603 à Saint-Julien-en-Genevois – soit un peu plus de 6 mois plus tard. Pourtant, le traité de Saint Julien constitue un modèle en matière de libre échange et de circulation des personnes qui pourrait encore inspirer certains hommes politiques genevois.

Le 1er juin, Genève fêtera durant 3 jours les festivités qui vont lancer la commémoration du bicentenaire de l’entrée des troupes Suisses en ville de Genève. Une date qui marque symboliquement le rattachement du canton à la Suisse et ce, avant la signature officielle de 1815.

Aujourd'hui qui sait qu’en 1814, pour accepter de reconnaître Genève et sa petite banlieue d’alors, la confédération Suisse a posé des conditions formelles en vue de son rattachement. Parmi celles-ci, il s’avérait indispensable de créer une frontière avec la Suisse, qui était alors inexistante. Aujourd’hui le canton n’a encore que 6 kilomètres de frontière avec Vaud, contre plus de 100 kilomètres de territoire contigu avec la France voisine.

C’est donc Charles Pictet de Rochemont qui fut chargé de négocier avec la France et la maison de Savoie au congrès de Paris et de Vienne, pour obtenir le désenclavement de Genève. Ainsi 7 communes du Pays de Gex (soit 3'500 habitants) et 24 communes de Savoie (soit 12'700 habitants), vinrent s’ajouter aux territoires de Genève.

Qui se souvient encore que c’est bien tout le Pays de Gex et le Genevois Haut-Savoyard qui auraient pu s’ajouter aux territoires genevois, puisqu’il fut étudié le scénario d’un rattachement du bassin genevois qui constitue aujourd’hui dans les grandes lignes le périmètre du Grand Genève, soit, du Jura au Salève. Mais, le gouvernement genevois alors préoccupé par l’accroissement trop important de nouvelles terres catholiques, refusa cette annexion qui aurait changé l’équilibre religieux de la ville Calviniste

On peut dès lors se poser la question du sens du rejet des votations du 18 mai dernier et des arguments xénophobes qui continuent à nourrir certains genevois, dès lors que les genevois d’origine ont tous des cousins des deux côtés de la frontière. Il est évident que les tensions religieuses n'en sont plus la cause.

A quelques jours du lancement du bicentenaire, nous devrions nous questionner quant à la réelle responsabilité des autorités cantonales qui, en banalisant l'enseignement de l’histoire du genevois aux enfants et en intégrant les nouveaux arrivants sans prendre le temps de les confronter à l’histoire du bassin genevois, ont renforcé au fil des années le lien de la culture du pays d’origine au détriment de la culture historique du bassin régional, fondée sur des valeurs communes et le vivre ensemble.


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