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  • Paolo Lupo, président de l'association

Face à l’incapacité de construire l’agglomération Genevoise entre Genève et la France voisine, le mo


(Extrait de http://belgeo.revues.org/6972)

“Basel im Elsass” écrivait un chroniqueur du XVe siècle : voilà une représentation insoutenable aujourd’hui. Mais vue du ciel, l’agglomération bâloise, forte de plus de 600 000 habitants, constitue une seule et même entité et, de fait, s’étend sur trois pays, la Suisse, l’Allemagne et la France. La ville de Bâle est séparée du reste de la Suisse par la montagne du Jura alors que les vallées de la Forêt-Noire, la plaine rhénane et les collines du Sundgau lui offrent des possibilités d’extension en dehors de son territoire national. Au sein du système confédéral suisse, les Bâlois sont des techniciens rompus aux pratiques de la coopération avec d’autres entités quasiment souveraines dans de petits espaces. L’émergence d’une structure de coopération trinationale à l’échelle de l’agglomération semble donc possible et rationnelle.

Les partenaires des trois secteurs nationaux travaillent sur des études de faisabilité. Cette entreprise est possible parce que Bâle apparaît comme une ville de projets. Elle dispose de deux observatoires de qualité, la Wirtschaftsstudie Nordwestschweiz (Etude économique du Nord-Ouest de la Suisse) dont les études sont largement débattues dans les cercles politiques, économiques et associatifs.

Malgré les difficultés juridiques, la ville de Bâle soutient les projets. Sa stratégie est le développement de l’agglomération. La ville constituait traditionnellement une plate-forme financière, chimique et logistique. Sa politique d’urbanisme se traduit par l’accomplissement de projets successifs : la foire avec le Messeturm (l’immeuble le plus élevé de la Suisse), Euroville pour le quartier de la gare, le stade Saint-Jacques intégrant un centre commercial, les zones d’activités de la BioValley, bientôt un waterfront sur le Rhin, etc. Les communes françaises, allemandes et suisses cherchent à tirer avantage de la croissance bâloise dans un contexte de rareté foncière ; implicitement, elles tendent à s’aligner sur les normes bâloises en matière d’urbanisme. A Saint-Louis, par exemple, l’ancienne usine de spiritueux Fernet-Branca est devenue un centre d’art contemporain d’envergure internationale.

Bâle a réussi à développer un paradoxe : tout en conservant ses valeurs et ses élites traditionnelles, elle s’est ouverte à de nouveaux venus et aux comportements anglo-saxons du monde de la science et de la finance. Les réseaux de l’ATB enjambent les régions proches au profit de relations avec d’autres métropoles du Rhin supérieur ou du monde, mais ils se déconnectent de leur voisine mulhousienne qui leur devient étrangère.

Récemment créés, ces eurodistricts, s’ils tentent de développer des projets d’équipements de transports comme des tramways transfrontaliers, n’arrivent pas encore à peser en tant qu’entité dans les grands projets d’équipements structurants du Rhin supérieur.

Si Genève souhaite conserver son statut de ville internationale, elle doit démontrer ses capacités à innover et à construire sa région frontalière.


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